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une de ses nièces ; c’est, à ce qu’il me répète souvent, une volonté d’autant plus inébranlable chez elle, que lui-même avait promis d’y céder avant de me connaître ; et son cœur est si bon, qu’il n’ose rien faire qui puisse affliger sa mère. Jugez vous-même si c’est moi qui peux le blâmer, ajouta-t-elle, en se jetant au cou de madame Vandermont, moi quoi mourrais plutôt que de vous causer la moindre peine.

— Et pourtant, tu m’en fais une bien vive en ce moment, chère Angéline, et c’est la crainte de voir ton chagrin s’augmenter chaque jour, qui me force à t’éclairer sur ta situation présente. Quand notre vieil ami, M. de Brécourt, me présenta M. le comte Amédée de Vilneuse, je lui fis, à ce sujet, toutes les représentations que la prudence maternelle devait me suggérer ; entourée comme je le suis de jeunes femmes et de jeunes filles à marier (car je regarde tes cousines comme mes enfants), un joli fat, un coureur d’aventures, ou même un de ces charmants égoïstes qui, tout en respectant l’honneur d’une jeune personne, s’amusent à s’en faire aimer et à troubler son repos pour toujours, devaient être également funestes à ma famille, et j’étais bien décidée