Page:Nichault - Souvenirs d une vieille femme.pdf/77

Cette page a été validée par deux contributeurs.

la fortune aime tant à reprendre. Cette science rare, dont la résignation m’a tenu lieu, était l’unique passion d’une femme qui vient de mourir sans laisser d’autre réputation que celle d’une bonne mère de famille, comme il y en a beaucoup, et d’une femme spirituelle dans l’intimité ; ce qui fait des amis et point d’admirateurs : aussi n’aurais-je jamais su ce qu’elle valait sans le hasard qui m’a fait admettre dans sa société intime, et m’a rendue témoin de ce que je vais vous conter.

— Ma chère enfant, ne pleure pas ainsi, disait madame Vandermont à sa fille, s’il t’aime véritablement, il saura bien vaincre tous les obstacles qui s’opposent à votre bonheur ; il a de la fortune, un état honorable ; il est, par le fait, indépendant de sa famille ; et, s’il a pour toi un sentiment profond, la modicité de ta dot et le prétendu éloignement de ses parents pour ce mariage ne l’empêcheront pas de l’accomplir.

— Oh ! ce n’est pas notre peu de fortune qui le retient, j’en suis sûre, ma mère, répondit Angéline ; il a l’âme trop généreuse pour se laisser guider par un calcul intéressé ; mais sa mère a dès longtemps formé le projet de lui faire épouser