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peine ce soupçon me trouble-t-il, que je vais chez madame Roux : à force de questions, j’apprends qu’une lettre, datée de l’armée d’Allemagne, contenait la commande d’une parure de roses et de scabieuses, qui devait être portée le 4 octobre chez madame ***, et dont le prix serait acquitté par M. Perr…, banquier. Cette lettre ne renfermait pas un seul mot qui pût en révéler l’auteur. J’aurais bien désiré voir l’écriture ; mais elle n’avait pas été conservée.

Mon mari avait plusieurs amis à l’armée du Rhin, il pensa que c’était un souvenir de l’un d’eux ; je m’efforçai de le penser aussi ; cependant je n’avais point encore osé me parer de ces fleurs que je regardais comme un emblème.

Enfin, le jour où l’on apprit à Paris la bataille de Hohenlinden, je crus devoir porter cette jolie couronne en l’honneur de celui qui avait sans doute glorieusement combattu ce jour-là. Nous dînions chez le général S… avec plusieurs des beaux noms de l’armée d’Italie et quelques artistes distingués dont Talma faisait partie. Au milieu de ce dîner, égayé par la nouvelle d’une si belle victoire, un officier des amis du général arriva du château des Tuileries. Son air triste