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néral. On racontait qu’il était un des beaux danseurs de la défunte cour, et Trenitz le regardait avec un dédain risible ; mais sa coiffure poudrée, sa tournure chevaleresque lui conservaient un air d’ancien régime qui déjà opérait son charme sur le futur empereur.

Pendant que je regardais ce quadrille, une voix qui me fit tressaillir dit ces mots :

— En êtes-vous bien sûr ?

— Oui, répondit un homme que je crus reconnaître pour l’avoir rencontré quelquefois dans le monde ; oui, vous dis-je, c’est bien elle.

Je levai les yeux pour voir à qui ce dernier s’adressait, et je les rebaissai aussitôt, car ils avaient rencontré un de ces regards qu’on peut chercher, mais qu’on ne peut supporter longtemps.

De nobles traits, une physionomie expressive, l’air le plus distingué : voilà ce qu’un moment avait suffi pour me faire apercevoir ; quelle différence, pensai-je, entre ce regard si pénétrant, si affectueux, et celui d’une curiosité ou d’une affectation blessante ! et le souvenir de ma déception récente, le serment que je m’étais fait de ne plus voir Alphonse, là même où il serait,