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théâtre, je n’entendis rien de ce que disaient les acteurs ; chacun, autour de moi, étant occupé à détailler et à raconter la parure de madame Bonaparte, à parler des beaux cheveux de sa fille et de la tournure agréable de son fils. Plusieurs femmes de généraux, assises dans le rang où l’ont été depuis les dames du palais, formaient un entourage dont l’élégance répondait parfaitement à la richesse des uniformes qui composaient la suite du vainqueur de l’Italie ; c’était l’aurore de l’Empire.

Après le spectacle, quand on passa dans la salle du bal, je fus honorée d’un salut de madame Bonaparte, il n’en fallut pas davantage pour m’attirer les bonnes grâces de tous les courtisans en herbe, qui s’empressaient déjà autour d’elle.

Le premier consul s’arrêta près d’un quadrille qui attirait la foule ; je crus qu’il était composé des jolies danseuses que l’on citait le plus, je me trompais, un charmant habitué des soupers de la duchesse de Polignac, un orateur de l’assemblée constituante, un malheureux proscrit sorti des cachots et rendu à sa patrie par droit de conquête, Alexandre de Lameth, était l’objet de la curiosité de Bonaparte et de l’intérêt gé-