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laisser supposer ?… Ce ne serait pas trop maladroit ? Qu’en pensez-vous ?

— Je pense qu’il a tout simplement lu ma lettre, qu’il a vu que je lui demandais franchement de me laisser tranquille, et qu’il agit en conséquence.

— La femme la plus vraie peut donc mentir à propos d’amour ! s’écria M. de P…, je vous en demande pardon, mais vous ne pensez pas un mot de cela.

— C’est possible, répondis-je en riant, sait-on jamais bien ce qu’on pense ? et je changeai d’entretien.

L’absence de mon mari me servit de prétexte pour refuser la plupart des bals que l’on donna cet hiver-là, en l’honneur de nos victoires ; mais on parlait d’une fête qui aurait lieu chez le ministre de la guerre, d’un vaudeville de circonstance joué devant le premier consul et toute sa cour militaire ; ce devait être une fête magnifique, les plus jolies femmes de Paris y étaient invitées, et M. D…, qui fut depuis ministre, m’ayant apporté mes billets, me décida à en profiter. Il était tout puissant chez le ministre de la guerre, et, comme on l’avait chargé de