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dant je venais avec l’espoir de vous emmener à l’Opéra. J’ai la loge du ministre de la guerre. Allons, mettez une robe, un chapeau. Et comme madame Z… me voyait peu disposée à lui obéir : Au reste, ajouta-t-elle, il est encore de bonne heure, nous arriverons pour le ballet. D’ici là, nous aurons le temps de causer. On vous trouve si rarement seule !

En cet instant, on annonça M. de P…

— Maudit soit l’importun, s’écria madame Z… ; on dirait que votre mari l’a chargé de vous surveiller pendant son absence ; mais n’importe, ce que j’ai à vous dire peut être entendu de lui sans qu’il y comprenne rien.

Je ne sais pourquoi ce préambule m’inquiéta. J’adressai la parole à M. de P… dans l’espérance de changer la conversation ; mais madame Z…, qui ne perdait pas de vue son but, me demanda si je n’avais pas remarqué l’autre soir un jeune homme charmant, placé au balcon, à peu de distance de ma loge.

À cette question je rougis, et M. de P… se mit à sourire d’un air malin qui acheva de me déconcerter.

— Oh ! vous l’aurez remarqué, ajouta madame