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garder plus à son aise. Le général le découvrit et alla vers lui. Je devinai qu’on lui parlait de moi, et qu’il refusait la proposition qu’on lui faisait de me le présenter. Ce refus ne me laissa plus aucun doute, et je rentrai chez moi avec la ferme résolution de n’en pas sortir de plusieurs jours, pour éviter la rencontre d’Alphonse.

Le surlendemain, je reçus la visite de Madame Z***, femme d’un général polonais. Elle était aimable, spirituelle, mais passionnée pour les plaisirs et les travers du monde. Sachant toutes les intrigues, protégeant ou blâmant les amours honnêtes, les faiblesses, sa vie se composait de celle des gens qu’elle connaissait le moins, et l’intérêt qu’elle prenait à leurs aventures la rendait indifférente à ses propres intérêts. Sa conversation, fort amusante pour les personnes inoccupées, était la terreur de toutes celles qui avaient un secret, si innocent qu’il pût être, car elle le devinait, ou en supposait un autre, ce qui avait de grands inconvénients ; son imagination étant fort romanesque.

— Eh ! mon Dieu, seriez-vous malade, dit-elle, en entrant, vous n’êtes pas venue hier chez madame de C…, et vous voilà toute pâle ; cepen-