Page:Nichault - Souvenirs d une vieille femme.pdf/52

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

battement de cœur qui m’empêcha de continuer.

— Oui, l’amour qu’il inspire va jusque-là. Peut-être y avait-il aussi un peu de fluxion de poitrine, ajouta le général, ravi de ce bon mot.

— Et comment appelez-vous cet homme si redoutable ?

— Charles de V***. Il revient de l’armée, et je crois que vous en entendrez parler cet hiver. Les femmes sont toujours si coquettes pour celui qui a beaucoup de malheurs à se reprocher !…

En ce moment la toile se leva et je repris ma rêverie.

Alphonse était peut-être un nom de convention entre Emmeline et lui ; je pouvais m’en assurer en questionnant Rosalie, je pouvais vaincre le scrupule du général et l’obliger à me dire tout ce qu’il savait de l’aide-de-camp de M. M…, un sentiment d’honneur me retint : j’avais interdit toute question sur mon compte, je me devais d’être aussi discrète pour un autre ; et d’ailleurs j’étais trop troublée du peu que je venais d’apprendre pour chercher à en savoir davantage.

À la sortie du spectacle, M. Charles de V*** vint se placer derrière une colonne du vestibule, comme s’il avait voulu se cacher pour me re-