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V


L’hiver commençait, une grande partie des officiers de l’armée avait obtenu des congés pour venir à Paris ; on les reconnaissait dans tous les lieux publics à leur attitude belliqueuse, à cet air confiant que donne la victoire ; et par-dessus tout aux prévenances, aux coquetteries dont ils étaient l’objet. L’avouerai-je ? dès que l’un d’eux se faisait remarquer par quelque avantage, le souvenir d’Alphonse venait aussitôt me plonger dans une rêverie romanesque. Toute aux conjectures, aux divers rapprochements que je faisais, tantôt tremblante d’espoir, ou de crainte de le reconnaître ; plus souvent chagrine d’avoir vu détruire par un seul mot l’illusion d’une semaine ; j’étais la proie d’une foule d’impressions contraires, qui devaient me donner l’apparence d’une femme animée par une grande passion.

Un soir, me trouvant à la Comédie fran-