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soupir, il vous parviendra malgré vous ; et, je le prédis, fussions-nous chacun aux deux bouts de la terre, vous ressentirez quelque tristesse au moment où s’éteindra ce cœur si plein de vous.

« Mais tant d’amour ne peut exister sans une secrète sympathie ; et je vous le dis sans orgueil, sans sotte présomption, si le sort ne nous séparait, madame, vous m’auriez aimé ; car nul être au monde ne vous aimera jamais tant que moi. Cette croyance justifie tout le mal que vous me faites. Adieu, je me sacrifie à votre repos, vous n’entendrez plus parler de moi ; j’aurai passé dans votre vie comme un songe douloureux ; mais vous resterez mon unique pensée, ma religion, ma céleste espérance. Vos peines, vos plaisirs, vos plus faibles intérêts, me seront connus. De près ou de loin je veillerai sur vous, pour vous défendre ou vous consoler au moindre signe. Enfin vous saurez qu’il existe une âme dévouée qui erre sans cesse autour de vous, et qui ne demande que votre bonheur pour prix de sa longue souffrance.

« Alphonse de ***. »

Cette réponse était telle que je l’avais désirée,