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d’avouer à M. *** ce qui s’était passé entre Alphonse et moi ; je me promis d’y satisfaire aussitôt son retour de Chambéry. Une fois sous la garde de mon mari, je pensais être à l’abri de tout soupçon comme de toute inquiétude.

Le retour de M. *** fut retardé d’un mois pendant lequel je ne reçus que cette lettre d’Alphonse.

« J’avais trop espéré de votre bonté, madame ; pourtant je ne vous demandais que de vous laisser adorer comme l’être divin qui entend nos prières, nos plaintes, nos vœux, sans se révéler à nous autrement que par l’amour qu’il inspire. Vous ne le voulez pas. Une vaine considération m’enlève mon bonheur, ma vie ; ah ! pourquoi m’avoir secouru dans la douleur si vous deviez me rendre mille fois plus malheureux ! Je n’avais plus que vous au monde ; vous étiez devenue ma providence ; je vous associais à toutes mes actions, certain de n’en jamais commettre de blâmables, tant que votre souvenir ou plutôt votre présence me protégerait ; car vous êtes là, toujours là, et si je meurs demain sur le champ de bataille, c’est vous qui recevrez mon dernier