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férent, et loin de prendre sa déclaration au sérieux, vous en rirez doucement avec lui ; ou ce que vous en savez, ce que vous en lisez vous paraît dangereux, et vous combattrez la séduction avec toutes les armes d’une sagesse éprouvée. De toute manière, vous vous en tirerez avec honneur, j’en suis certain.

— Je l’espère bien, répondis-je, mais j’aurais préféré ne pas me donner ce triomphe. Puis, j’ajoutai plus bas : les jaloux ont toujours raison, mon ami.

— Ah ! vous convenez que leurs précautions ne sont pas inutiles !

— Pas plus que leur tyrannie ; car les femmes nées pour être galantes s’en affranchissent sans peine, et celles qu’une imprudence peut compromettre en sont garanties par la terreur d’une scène de jalousie ; le cœur des femmes est si inconséquent ; on leur rend toujours service en le captivant d’une manière ou d’une autre. Par exemple, je n’ai pas grand mérite à rester fidèle à mon mari ; vous le connaissez, et vous savez s’il est un homme plus aimable, plus selon moi que lui ? Eh bien, son souvenir, si présent qu’il soit, ne m’empêche pas d’être préoccupée de cet