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Rosalie, il m’accuserait d’avoir encouragé vos aveux inconstants, et cette injustice me mettrait au désespoir. Au nom de cette malheureuse Emmeline qui vous aimait tant, oubliez-moi, monsieur, ne m’écrivez plus. Ce sacrifice, si faible qu’il soit, vous donnera des droits à mon amitié et à ma reconnaissance. »

Après avoir remis cette lettre à Rosalie, je me sentis plus calme ; mais j’attendis avec une sorte d’impatience le moment où M. de P*** venait chaque soir, pour lui montrer la preuve de son habileté à prédire les événements, et pour lui apprendre comment j’avais répondu. J’étais bien aise de lui prouver que je n’avais pas eu besoin de le consulter pour ôter à cet Alphonse tout espoir d’être écouté favorablement : je n’y gagnai rien dans l’esprit de M. de P*** ; il prétendit que cet empressement ressemblait à la bravoure des poltrons.

— Ce sera tout ce que vous voudrez, répondis-je, mais je n’entendrai plus parler de ce mystérieux personnage, et c’est ce que je veux.

— Bien vrai ?

— Oui, très-vrai.

— Cela m’étonne, reprit M. de P***, car ses lettres