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m’apportait une lettre pleine de remords sur son amour et de reproches sur mon silence ; c’étaient des imprécations sur ma pitié cruelle ; des prières, des menaces de me désobéir, de venir se battre avec le mari d’Emmeline, de lui arracher son enfant, et de s’enfuir avec lui dans les déserts de l’Amérique.

« Enfin, disait-il, si vous cessez d’être mon guide, si vous me dédaignez au point de me refuser les conseils, la pitié que je mérite, il n’est pas de folie dont je ne sois capable. »

La crainte de le voir se livrer aux plus coupables extravagances me fit rompre la promesse que je m’étais faite de ne plus lui écrire. Le danger de la situation où l’inconséquence d’un bon cœur venait de me mettre m’apparut tout à coup, et je pris un de ces partis désespérés auxquels les femmes ont rarement recours, et dont l’effet est certain. Je dis la vérité, toute la vérité.