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voyait avec son uniforme, comme je l’ai vu un jour qu’il revenait de la parade !

— Je ne veux ni le voir ni le connaître, interrompis-je ; faites en sorte, ma chère Rosalie, qu’il ne pense plus à moi, et que sa présomption ne puisse tirer aucun avantage de mon obligeance pour vous. Si cette correspondance était connue, on ne manquerait pas d’en calomnier la cause, et il en résulterait de véritables chagrins pour moi ; vous en seriez désolée, n’est-ce pas ? Eh bien, mettez tous vos soins à me les épargner.

Rosalie me promit de mourir plutôt que de jamais articuler mon nom à l’inconstant Alphonse, si, comme elle le présumait, la fin de la campagne le ramenait bientôt à Paris. Nous convînmes de tout ce qu’elle devrait lui répondre, dans le cas où il la questionnerait sur mon compte, et nous nous décidâmes pour un mensonge fort innocent, qui le détournerait de toute recherche ; Rosalie devait lui dire que j’étais partie pour le midi de la France, où mon mari avait une terre que nous devions habiter pendant plusieurs années.

Cependant chaque courrier venant de l’armée