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plus vivement encore le secret sur mon compte.

— Vous le voyez, lui dis-je, avec plus d’humeur que je n’en ressentais peut-être, votre M. Alphonse se méprend d’une façon étrange sur les motifs qui m’ont engagée à lui écrire ; il pense sans doute que la personne assez complaisante pour s’être chargée d’une semblable commission, n’a vu, dans cette triste démarche, que l’occasion d’entamer une intrigue ; c’est à vous à le détromper ; car, de ma part, il ne recevra plus un mot. Je n’ai pas envie de perpétuer son illusion en lui témoignant combien j’en suis blessée ; si j’avais présumé qu’il se consolât aussi vite, je ne me serais certainement pas donné la peine de prendre tant de ménagements pour lui apprendre la mort de votre pauvre maîtresse. Sacrifiez donc votre honneur, votre vie pour de telles passions ! ajoutai-je d’un air indigné.

— Ah ! madame, reprit Rosalie, je vous jure qu’il l’aimait sincèrement ; jamais elle ne s’est plainte de sa fidélité ; mais que voulez-vous, elle n’est plus de ce monde, et je crois bien que M. Alphonse a besoin d’amour ; il est si aimable, d’une si belle tournure ! Ah ! si madame le