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III.


Je commençais à perdre l’idée de cette aventure, lorsque Rosalie m’apporta, quinze jours après, cette réponse :

« Hélas ! je l’avais devinée, cette affreuse mort qui me laisse seul au monde ! Je ne pouvais devoir un soin si généreux qu’à l’excès de mon malheur, qu’au noble intérêt d’une âme pieuse pour les dernières volontés d’une pauvre mère. Ah ! cette volonté qui ôte toute ressource à mon désespoir, il fallait plus que sa prière pour me forcer à l’accomplir ! Il fallait qu’une voix charitable me parlât au nom de l’honneur, et qu’à cette voix divine le devoir m’apparût dans tout ce qu’il a d’implacable. C’est à vous, madame, qu’il appartenait de soumettre ma rage ; car, je n’en doute pas, c’est lui qui l’a tuée ; c’est sa jalousie atroce… Mais elle l’ordonne, vous le voulez, et je mourrai sans la venger, sans réclamer l’unique bien qui m’aurait rattaché à la vie.