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donnait déjà avec bien de la peine la séduction qui entraînait une femme dans un tort semblable ; mais que, lorsque le scandale d’une scène venait flétrir et compromettre à jamais deux existences qu’il aurait dû protéger, il n’était plus de repos pour lui. Enfin, je crus que le moment était venu de lui envoyer la fatale lettre.

Cette lettre, dont j’ai oublié le contenu, finissait ainsi :

« Tu me le jures, n’est-ce pas ? Jamais tu ne réclameras tes droits sur lui ; jamais tu ne l’exposeras à la vengeance de ton ennemi, du sien. Aujourd’hui seulement, je sens que tu peux me rendre coupable, me faire maudire un jour par mon enfant. Ah ! ne me laisse pas mourir avec cette crainte ! N’accuse personne de ma mort ; ton absence seule m’a tuée, je pleurais toutes les nuits… cela m’a donné de la fièvre : voilà tout. Les soins, les médecins n’y peuvent rien. Je sens là, comme une main de fer qui déchire ma poitrine… Mon Dieu ! que je voudrais te voir encore une fois !… te voir embrasser ce cher enfant qui… tu le promets, oui, tu ne… jamais… il le tuerait… et lui… non… sa mère… »