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laissa bien plus occupée de ma correspondance mystérieuse, que je ne l’étais avant de lui en avoir parlé.

Une semaine s’était à peine écoulée, qu’ainsi que M. de P*** l’avait prédit, Rosalie m’apporta une lettre adressée à sa maîtresse, et un billet ainsi conçu :

« Madame, ce que la pitié vous fait faire aujourd’hui pour nous, vous répond à jamais de ma respectueuse reconnaissance. »

Ce peu de mots, écrits à la hâte, étaient non-seulement fort lisibles, mais ils m’apprenaient que le jeune Alphonse avait ce qu’on appelle une écriture élégante, et qu’il n’était pas de ces gens pour qui un malheur est toujours une occasion de pathos. Il est simple et poli, pensai-je ; que de charmes renfermés dans ces deux qualités ! et je trouvai la pauvre Emmeline moins coupable.

J’écrivis de nouveau. À chacune de mes lettres le danger redoublait, et les sermons aussi ; car je déclamais vivement contre tout ce qui pouvait compromettre le sort de l’enfant d’Emmeline et animer la haine de celui à qui la loi donnait tout pouvoir sur cette faible créature ; j’allais jusqu’à dire qu’un homme d’honneur se par-