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de lui offrir quelques consolations. Quoi ! vous lui direz tout sèchement : « Monsieur, celle que vous aimez est morte, et je suis bien votre très-humble servante. »

— Quelle supposition ! Je lui enverrai la lettre que la mort a interrompue, elle lui en dira bien assez.

— Non, non, vous dis-je, vous serez moins barbare, et vous ne vous refuserez pas à témoigner quelque intérêt pour un malheur si touchant : en vérité, ce pauvre jeune homme me fait pitié, ajouta M. de P***, à sa place, j’étranglerais le mari ; mais j’oublie que vous ne vous donnez tant de peine que pour éviter ce dénouement tragique.

— Par grâce, ne faites aucune plaisanterie sur ce triste roman, répliquai-je, et ne m’en parlez jamais devant personne. Une indiscrétion est si tôt commise.

— Soit, dit en se levant M. de P***, mais vous me direz tout ce qui arrivera de ceci ? Je hais les demi-confidences, et ma fidélité est toujours proportionnée à la confiance que j’inspire ; je vous en avertis.

En disant ces mots, M. de P*** sortit, et me