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cesse oublie le duc de Richelieu ; mais d’un trop noble caractère pour dissimuler avec lui, elle lui raconte ce qui s’est passé entre elle et M. de La Fare, elle laisse voir sa joie d’avoir retrouvé le cœur du seul homme qu’elle eût jamais aimé, et finit par supplier M. de Richelieu de ne point troubler cette joie par une inquiétude ; c’était redemander à demi-mot son portrait.

— Je vous entends, madame, dit-il sans marquer ni surprise, ni dépit ; vous voulez que la clémence soit toute de votre côté ; rien n’est mieux raisonné ; car les coupables sont impitoyables pour les torts dont ils donnent l’exemple ; mais si un intérêt bien éclairé vous porte à m’ordonner ce sacrifice, j’ai un intérêt beaucoup plus grand à m’y refuser, et Votre Altesse voudra bien souffrir que je mette au moins une condition à…

— Eh ! laquelle s’il vous plaît ? interrompit la princesse d’un ton digne.

— La plus impertinente, madame, comme je ne puis la dire, il faut bien que vous la deviniez.

— Quoi ! lorsque ma confiance en vous vous