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que ces soins donnaient un peu d’humeur à M. de La Fare, les encourageait par toutes ces légères faveurs dont se nourrit l’espérance. Ah ! qu’elle aimait véritablement M. de Richelieu, lorsque, lui donnant le bras pour passer d’un salon à l’autre, elle voyait M. de La Fare se retourner avec impatience, comme pour échapper à une impression pénible ! Qu’elle se donnait de peine alors pour feindre l’inconstance !

Un matin que M. de Richelieu se plaignait des avantages vains attachés à son rôle, et menaçait de le quitter, sous prétexte que son amour l’emportait de beaucoup sur son amour-propre, le bijoutier de la princesse vint rapporter un portrait d’elle, peint par le meilleur élève de Petitot, et dans le costume négligé où M. de La Fare la trouvait le mieux à son goût ; elle avait fait monter cette miniature sur un portefeuille à secret destiné à M. de La Fare. L’indiscrétion du peintre avait mis ce dernier dans la confidence de cette charmante surprise ; mais la rupture survenue entre la princesse et le marquis laissait le portrait sans maître. On devine toutes les instances de M. de Richelieu pour en devenir possesseur.