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peut jamais se dissimuler, qu’il ne se faisait aucun scrupule d’imiter ou de devancer l’indiscrétion des amants dont on lui racontait les aventures.

Lorsque M. de P*** fut instruit de celle qui me préoccupait, loin de blâmer ma complaisance, il me dit que je ne pouvais me refuser à une démarche aussi simple sans me rendre responsable de tous les malheurs qu’entraînerait un refus de ma part. Cela tranquillisa ma conscience. Pour plus de sûreté, j’exigeai de lui qu’il ne ferait de questions à qui que ce soit sur les héros de cette malheureuse histoire, et je m’engageai à la même discrétion.

— Bon, me dit M. de P***, vous n’aurez pas le courage de jouer longtemps le rôle de confidente dans ce singulier drame, sans chercher à en connaître tous les personnages.

— Ah ! mon Dieu ! répondis-je, j’en sais déjà trop, et je voudrais tant pouvoir ignorer le nom de la pauvre héroïne, que je vous jure bien de ne jamais rien faire pour apprendre celui de mon correspondant. Le nom d’Alphonse, sous lequel on lui écrit, est le seul qu’il portera ja-