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— J’aimerais mieux qu’il le sût d’avance.

— Je suis désolé de ne pouvoir me conformer aux désirs de Votre Altesse, en cette circonstance ; mais j’ai une conscience, sans que cela paraisse.

— Et bien, qu’est-ce qui peut vous alarmer ?

— La crainte d’être dirigé par un intérêt peu noble : si je dis du mal de la comtesse de M… à La Fare, il m’en croira jaloux ; je changerai par là son caprice en passion, et ma loyauté ne me permet pas de le porter à devenir si coupable.

— Pourquoi cela ?

— Parce qu’il perdrait sans retour le bonheur que je lui envie, madame, et que je ne serais pas assez honnête homme pour m’en affliger.

Ces derniers mots, accompagnés d’un regard tendre, firent rêver la princesse ; elle garda quelques instants le silence ; mais, comme frappée tout à coup d’une idée :

— Je le vois, dit-elle en souriant d’un air triste, vous avez pitié de ma peine, et vous imaginez ce moyen de me distraire.

— Je n’imagine rien, madame, répondit le duc de Richelieu d’un air offensé, et sans la préoccupation qui vous domine, vous ne me