Page:Nichault - Souvenirs d une vieille femme.pdf/277

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chelieu, qui était présent, redoubla d’admiration pour elle.

M. de La Fare, n’ayant aucune bonne raison à opposer aux reproches de la princesse, eut recours au procédé dont les infidèles savent tirer un double parti : il sortit brusquement : ce qui venge des injures de l’une, en permettant d’aller recueillir les tendresses de l’autre.

— Vous le voyez, dit la princesse, quand elle se trouva seule avec M. de Richelieu, il se rit de mes soupçons, de mes larmes ; et s’il feint d’en être irrité, c’est pour me quitter une heure plus tôt et donner cette heure à la comtesse. Ah ! que je voudrais savoir s’il me trompe ! vous qui êtes notre ami à tous deux, vous qui savez tout ce qui se passe, dites-moi franchement ce que vous croyez de cette prétendue coquetterie ; ne craignez pas de m’éclairer ; il faut que mon supplice cesse, que je rentre dans la confiance, ou que je m’affranchisse pour jamais.

— Et c’est moi que Votre Altesse daigne choisir pour lui rendre un pareil service ? dit le duc.

— Oui, justifiez-le, si vous le pouvez, ou démontrez-moi sa trahison ; vous êtes dans sa confidence, j’en suis sûre.