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servit de ces grands et petits moyens pour amener M. de La Fare à trahir la princesse de Conti.

On ne fait tant de mal que pour s’en vanter : bientôt toute la cour apprit cette nouvelle intrigue par les exigences de la comtesse de M***, qui voulait être accompagnée de M. de La Fare aux spectacles, à l’église, au bal, à la promenade, enfin partout où elle pouvait faire remarquer sa conquête, et se l’attacher par les émotions visibles qu’elle affectait d’éprouver au moindre mot de M. de La Fare.

La princesse, avertie par ces négligences involontaires, par ces joies imprudentes, ces dépits mal dissimulés qui sont le cortège de toutes les infidélités naissantes, confia ses soupçons à M. le duc de Richelieu, il lui conseilla la patience, lui qui savait si bien ce que pouvait durer une intrigue sans amour. Mais la princesse, qui aimait trop pour écouter un avis sage, se plaignit avec amertume. On lui répondit avec colère : M. de La Fare nia fortement, et sans convaincre. Dans cette scène entre la jalousie et la mauvaise foi, la princesse montra tant de chaleur, de grâce, d’esprit, de sensibilité, que le duc de Ri-