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alors pour modèle à la jeune mariée qu’on présentait à la cour du régent, et l’attachement de madame la princesse de Conti pour le marquis de La Fare, était un de ces sentiments qui commandaient le respect aux disants, en excitant l’envie des roués de la cour.

Mais s’il est plus commode de s’aimer ainsi tout haut, il est bien difficile de prolonger un amour sans mystère, galant sans romanesque et coupable sans remords. Il faut nécessairement que l’infidélité et la jalousie l’empêchent de succomber à l’ennui. Quel argument en faveur des obstacles et des bonnes mœurs !

La princesse de Bourbon-Condé, en épousant son cousin le prince de Conti, s’était sincèrement promis d’être sage, et sans doute elle se serait tenu parole, sans le torrent de débauche qui entraînait alors les plus chastes, et débordait sur tous les rangs. À cette époque, le mépris à l’envers qui tombait sur toute femme assez mal partagée du ciel, pour n’avoir pas au moins une intrigue, obligeait la plus réservée à s’en créer une, heureuse encore si son choix l’honorait.

Il faut dire, à la justification de la princesse