Page:Nichault - Souvenirs d une vieille femme.pdf/272

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Ah ! malheureux, s’écria le maréchal, vous me rappelez la plus indigne action et la plus piquante aventure de ma vie !… Comment se peut-il qu’un secret si fidèlement gardé soit connu de vous ? Je jure sur l’honneur que jamais nul mot de ma part… ; mais peut-être, mon cher, ne savez-vous pas tout ?

— Il faut en juger, dit M. de Varennes ; allons, mon cher ami, ne vous faites pas prier.

— Quoi, vous exigez que je fasse agir et parler monsieur le maréchal, là, en sa présence, au risque de lui faire dire une foule de choses dont il n’a jamais eu l’idée ; ce serait d’un ridicule, d’une impertinence intolérables. Non, je ne puis…

— Je m’engage à vous écouter comme si vous parliez d’un autre, reprit le maréchal, surtout mon cher, n’épargnez pas le jeune duc, je vous promets que le vieux ne s’en fâchera pas.

Alors M. de L… fut contraint de raconter l’histoire, et comment il l’avait apprise de la femme de chambre même de la princesse.

C’était dans le temps où l’on vantait la vertu de la femme qui restait fidèle à sa première faiblesse ; les parents les plus rigides l’offraient