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sent, et madame Bar… dit un soir à mon père qu’elle était au bout de ses histoires ; qu’il ne lui en restait plus qu’une dont elle avait promis de garder le secret, car son ancienne maîtresse y jouait le premier rôle, et le souvenir religieux qu’elle lui conservait ne lui permettait pas de révéler cette aventure étrange. Une telle restriction devait redoubler la curiosité de M. de L… ; il prouva à madame Bar… que l’amour de la princesse de Conti pour le marquis de La Fare ayant été connu de la cour et de la ville, un chapitre de plus à ce roman ne pouvait qu’ajouter à l’intérêt, sans y donner plus de publicité.

— Non, répondait madame B… ; le principal acteur de cette petite pièce vit encore, et je serais désolée que mon indiscrétion l’autorisât à être lui-même aussi bavard que moi ; et ce serait dommage ; car, tant qu’a vécu la princesse, et même depuis sa mort, il a gardé religieusement le secret qu’il lui avait promis : c’est un exemple trop noble pour ne pas le suivre.

À toutes ces bonnes raisons, mon père en opposa de mauvaises qui l’emportèrent, et madame de Bar… lui livra le secret dont elle avait été la seule confidente.