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premier mot de Frédéric fut : madame Van der S… est morte, n’est-ce pas ?

— Hélas ! oui, répondit l’aubergiste, monsieur a sans doute appris cette nouvelle à Aix-la-Chapelle ; c’est là qu’elle a rendu le dernier soupir, dans le cinquième mois de son veuvage : ah ! la pauvre jeune femme méritait un meilleur sort !… Mais j’oublie que ces messieurs ont peut-être mal dîné à Bonn ce matin, et je vais leur préparer un bon souper.

L’aubergiste aurait pu parler une heure encore sans que nous eussions l’idée de l’interrompre. Frédéric, atterré par ce coup qu’il avait pressenti, semblait frappé d’une insensibilité complète. Moi, je me sentais sous le poids d’une puissance mystérieuse qui confondait ma raison.

Sans pitié pour la douleur de mon ami, je voulus tenter toutes les recherches qui pouvaient apporter quelques lumières sur cet événement inexplicable, je fis venir la femme de chambre qui avait soigné Odille jusqu’à ses derniers moments. Nous sûmes par elle que sa maîtresse avait succombé au chagrin de ne plus recevoir de nouvelles de Frédéric, surtout après lui avoir