Page:Nichault - Souvenirs d une vieille femme.pdf/263

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

main tremblante un petit chien à moitié caché sous les palmes d’un châle bleu.

Je devine que ce chien est celui d’Odille, et, sans comprendre comment il a été apporté là, je cherche à calmer Frédéric, en lui disant que sans doute sa maîtresse est à Bâle, qu’il va la revoir ; mais le pauvre jeune homme, accablé sous le poids d’une émotion qui tenait de la terreur, ne m’entendait plus ; il avait perdu connaissance.

J’eus beaucoup de peine à le faire revenir à la vie, ensuite à la raison ; son imagination frappée n’admettait aucun moyen naturel pour expliquer ce fait, et j’avoue qu’en trouvant notre porte fermée en dedans à double tour, je me vis moi-même très-embarrassé d’expliquer l’entrée de Fido dans notre chambre.

— Cette voix qui m’appelait, répétait Frédéric, avec l’accent de la plus vive douleur, c’était la sienne ; cet adieu, c’était le dernier, je ne la verrai plus ! ah ! je le sens à mon désespoir, elle est morte !…

Traitant ses pressentiments de folie, je visitai tous les coins de notre chambre, soulevant la tapisserie qui recouvrait les murs, détachant des