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je n’en aurais pas la mauvaise pensée, lors même que vous resteriez ici plus longtemps pour y goûter les plaisirs d’une aimable compagnie, ajoutai-je en riant.

— Moi, rester ici plus longtemps ! s’écria Frédéric, que le ciel m’en préserve ! Il me semble que j’y étouffe ; j’éprouve une agitation qui ressemble à la fièvre ; il me semble qu’un fantôme me poursuit, qu’il me parle, et pourtant le sommeil m’accable ; je ne puis ouvrir les yeux, je fais des rêves effroyables.

Ces mots m’expliquant assez le bruit qui m’avait réveillé deux fois, je cessai de croire que nous fussions plus de deux dans la chambre. Le silence se rétablit, Frédéric tomba dans un profond assoupissement et mon sommeil ne fut plus troublé du reste de la nuit.

Nous avions recommandé au domestique de venir frapper à six heures du matin à notre porte. Exact à l’ordre, il venait de nous réveiller en sursaut ; au même instant un cri d’effroi me fait tressaillir, je me précipite hors de mon lit, j’ouvre les rideaux de Frédéric et je l’aperçois pâle, haletant, les yeux égarés, faisant de vains efforts pour me parler, et me montrant d’une