minuit ou une heure, et dans le premier sommeil…
— Que dites-vous donc ? vous rêvez encore, mon ami, je n’ai pas ouvert la bouche ; mais je vous ai fort bien entendu, moi… Peut-être parlez-vous en dormant ; cela s’est vu quelquefois.
— Je ne sais si j’ai parlé en dormant ; mais je suis bien sûr de vous avoir entendu m’appeler très-distinctement.
— Vous verrez que je suis devenu somnambule ! Enfin, soit ! vous vous portez bien, moi aussi ; achevons notre nuit.
Et je me rendormis, laissant Frédéric bien convaincu que je lui avais parlé.
Peut-être une heure après, j’entendis de nouveau agiter le rideau du lit de Frédéric, puis ce mot : adieu ! prononcé à voix basse. Il me vint à l’idée que mon camarade de voyage s’amusait à mes dépens, et qu’il n’était pas seul ; mais, en ami discret, je me promettais d’attendre le jour, pour lui prouver que je n’avais pas été sa dupe, lorsqu’il me demanda à son tour pourquoi je lui disais adieu, et si j’avais le projet de partir avant le jour pour me rendre sans lui à Schaffhausen.
— Vous plaisantez, lui dis-je, partir sans vous !