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II


J’étais dans l’âge où les impulsions du cœur l’emportent sur les raisonnements de l’esprit, et je m’engageai, sans hésiter, à remettre le soir même à Rosalie un billet par lequel j’apprendrais à cet Alphonse que sa chère Emmeline, étant trop malade pour lui écrire elle-même, me chargeait de lui donner cette triste nouvelle ; j’ajoutai à cela quelques mots pour le rassurer sur le secret qu’elle s’était vue forcée de me confier, et j’y joignis la promesse de lui écrire exactement jusqu’au jour où Emmeline pourrait reprendre sa correspondance avec lui.

Je ne saurais peindre la tristesse que j’éprouvai en lui donnant cette espérance que je savais trop ne devoir jamais se réaliser, et combien je fus préoccupée du soin de chercher les expressions les plus propres à maintenir son inquiétude, sans cependant lui laisser soupçonner l’affreuse vérité.