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cès auprès de la belle duchesse L…, puis très-repentant de son infidélité ; une lettre était là, sur son cœur ; il devait y répondre, sa conscience d’amant s’y refusa. Il est des profanations impossibles à un homme délicat, et Frédéric aima mieux laisser Odille dans l’inquiétude que de la rassurer en la trompant ; puis, comme nous voulons toujours nous justifier des torts qui nous amusent, Frédéric se persuada qu’il y avait de la vertu de sa part à chercher tous les moyens de se distraire d’un amour coupable, et quand cet argument ne lui parut pas assez fort, il y joignit une supposition offensante, et se peignit Odille inconstante comme lui.

Frédéric s’aperçut bientôt que la duchesse L… lui ménageait un successeur dans l’aide-de-camp d’un général français qui venait d’arriver à Rome, et, pour lui épargner les embarras d’une rupture, il partit sans lui faire d’autre adieu qu’une recommandation pressante de ne pas faire languir son rival.

Il espérait trouver des lettres d’Odille à Florence, et, sans même supposer qu’elle eût pu se lasser de lui écrire sans recevoir un mot de lui, il s’indigna de son silence, et résolut de l’imiter.