Page:Nichault - Souvenirs d une vieille femme.pdf/252

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

décidée à tout sacrifier à ses devoirs, ou plutôt à sa reconnaissance pour l’honnête homme qui l’avait épousée. Frédéric consentit à la fraternité qu’elle lui proposait, à la vérité, un peu comme le voleur qui accepte l’aumône de celui qu’il s’apprête à dévaliser. Pourtant il la rassura si bien, qu’elle s’abandonna à la plus douce confiance, et goûta pendant quelque temps le bonheur d’être aimée et d’aimer sans remords ; mais, tout en paraissant se soumettre aux ordres d’Odille, Frédéric ne perdait pas une occasion de lui être agréable.

En revenant un soir, avec plusieurs personnes de ses amies, de la promenade qui borde le Rhin, elle aperçut la plus jolie petite levrette blanche qu’on puisse voir, et s’écria :

— Que je voudrais que ce joli chien fût à moi !

— Il appartient à cet Anglais que vous voyez là-bas, dit quelqu’un, je le rencontre souvent en allant à Deutz, où demeure son maître ; c’est un voyageur, je pense.

Le lendemain, de grand matin, Frédéric se rend à Deutz, et prend les détours les plus ingé-