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d’Odille, il commença le voyage des bords du Rhin, et s’arrêta bientôt à Cologne.

M. Vander S… n’avait point entendu parler de Frédéric, et, charmé de faire honneur aux lettres dont il était muni, il lui offrit tous les avantages d’une douce hospitalité. Odille ne cacha point à son mari qu’elle avait connu Frédéric à Francfort. Sa franchise n’alla pas plus loin ; elle aurait craint d’alarmer inutilement son mari en lui parlant d’un amour qu’elle croyait éteint dans le cœur de Frédéric. Elle se trompait ; jamais cette passion n’avait été plus vive ; la langueur qui se peignait dans les yeux d’Odille, sa résignation à remplir ses devoirs, ses soins constants à faire honorer le mari qu’elle ne pouvait aimer, la rendaient mille fois plus séduisante que n’aurait fait tout l’art de la coquetterie. Frédéric en perdait la raison.

Un jour qu’il la trouva seule, il osa lui dire combien il souffrait de son indifférence : c’était se mentir à lui-même, car il savait bien être aimé ; mais en amour les injustices rapportent toujours quelque chose. Odille se justifia en pleurant ; elle conjura Frédéric de ne plus lui parler de son amour ou de la fuir, car elle était