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me plongeait, tenta de me calmer en m’apprenant que le prince était retombé dans un accès de démence qui avait duré plusieurs heures ; mais cette démence, loin d’avoir un caractère furieux, tournait à la mélancolie noire, et, dans ses moments lucides, il disait tant de choses touchantes, qu’il attendrissait tout le monde. Les médecins, ajouta Raimond, prétendent que lorsque la folie dégénère en cette sorte de mélancolie, elle est incurable ; mais qu’on peut vivre fort longtemps dans cet état déplorable.

C’était prononcer mon arrêt ; mais avant de subir cette mort de mon âme, je voulus revoir encore une fois Alexine.

Quand j’arrivai le lendemain au château Byron, l’aspect de deux voitures auxquelles on attelait des chevaux de poste me frappa comme l’eût pu faire un convoi funèbre. J’eus de la peine à recueillir assez de force pour demander à être conduit près du prince Olowsky. Je le trouvai étendu sur un canapé et gardé par deux valets de chambre, dont l’un me dit :

— Vous pouvez approcher, monsieur, le prince est calme.