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lexine pour Olowsky céderaient à la pitié, et j’avais plus à craindre de son malheur, que de son amour et de ses droits.

Dans mon inquiétude sur cet événement, j’envoyai Raimond demander des nouvelles du prince, je lui dis de tâcher d’en savoir par la princesse elle-même. Voici la lettre qu’il me rapporta :

« Vous savez ma pensée. Quel que soit le hasard ou la puissance qui vous ait dévoilé mon cœur, vous savez le trouble que vous y avez jeté ; ne soyez pas moins généreux pour moi que vous l’avez été pour celui qui réclame aujourd’hui mes soins et ma vie. Un ordre de l’empereur le rappelle à Saint-Pétersbourg, sous peine de perdre tous ses biens ; il va s’y rendre, et moi je l’accompagne. Par grâce, ne nous suivez pas !

« Adieu ; cette prière vous dit assez ce que vous êtes pour moi. »

Ne plus la voir, mettre l’Europe entre elle et moi, se sentir glacé d’avance par l’oubli qui doit naître d’un semblable éloignement, c’était plus qu’il n’en fallait pour me livrer au désespoir.

Raimond, effrayé de l’agitation où cette lettre