Page:Nichault - Souvenirs d une vieille femme.pdf/239

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

J’aperçus Alexine écrivant près de la fenêtre ; une lettre ouverte était sur sa table, ce devait être la mienne, elle me répondait peut-être. Un domestique entre ; elle se lève précipitamment, serre les papiers dans un pupitre, et court s’asseoir sur la terrasse.

— Elle sait que je la vois, pensai-je, et je me sentis ému de reconnaissance.

Au moment même, un homme se jeta à ses pieds, les baigna de larmes ; elle lui tendit la main ; mais quand il voulut presser cette main sur son cœur, ses forces l’abandonnèrent ; il tomba inanimé sur le sable. On vint à son secours ; Alexine soutenait sa tête décolorée tandis que le docteur russe lui faisait respirer des sels : bientôt après, je vis qu’on transportait le prince dans la chambre autrefois habitée par la comtesse Noravief. Alexine allait, venait, donnait des ordres. Un domestique à cheval passa rapidement sur la route ; il se rendait sans doute à Genève, pour aller chercher les secours nécessaires. L’effroi, le désordre qui semblait régner dans la maison me dit assez que le prince était en danger ; je m’en affligeai sincèrement, car je le pressentais, la terreur, l’éloignement d’A-