Page:Nichault - Souvenirs d une vieille femme.pdf/238

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tait mettre ma générosité à une trop rude épreuve ; je répondis que la santé de ma mère ne me permettait pas de la quitter en ce moment. J’écrivis ensuite une longue lettre à Alexine, dans laquelle je lui avouai que cette puissance qui m’instruisait si souvent de ses actions n’était autre que le télescope, car j’aurais eu honte d’abuser de sa crédulité et de mêler la ruse la plus innocente même, à l’amour que je ressentais pour elle. Je finissais par la conjurer au nom d’un cruel souvenir, de ne pas revoir son mari sans témoin ; car on devait craindre l’effet de ce bonheur si impatiemment désiré sur un cerveau à peine guéri. La jalousie n’avait pas moins de part que la prudence dans cette recommandation, j’en conviens. Depuis que l’avais vu la joie briller dans les traits d’Olowsky, il me semblait que l’expression un peu dure de son visage s’était adoucie ; je lui trouvais une foule d’avantages qui, joints à son caractère noble, passionné, devaient le faire aimer. Les yeux d’un rival sont toujours si flatteurs !

Un peu avant l’heure où je présumai que le prince arriverait chez Alexine, je montai au belvédère ; il faisait un temps admirable.