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un moment fait battre votre cœur, alors tout me serait devenu possible ; oui, ajoutai-je en me rapprochant d’Alexine, car une larme coulait sur sa joue ; oui, vous m’auriez donné jusqu’au courage de vous perdre pour…

— Oh ! mon Dieu, dit-elle en levant ses yeux humides vers le ciel, je pouvais être aimée !…

— Ah ! vous le serez toujours ! m’écriai-je en m’emparant de sa main ; quel que soit votre sort, le mien vous est soumis ; je serai, à votre gré, le plus malheureux ou le plus heureux des hommes, le plus coupable ou le plus vertueux.

— Mais, serait-ce possible ? disait Alexine comme en rêvant ; m’aimer sans me connaître…

— Eh ! connaît-on son Dieu pour l’adorer ? N’est-ce pas notre amour qui nous répond de son indulgence ? Ah ! le mien est trop vrai pour redouter votre colère. Alexine, ne me cachez pas ce qu’il vous inspire ; il y va de ma vie, de mon honneur, peut-être : pour savoir mourir, il faut se croire aimé.

— Qu’exigez-vous ? répondit-elle d’une voix à peine articulée, je ne m’appartiens point ; ah ! si l’on n’avait pas disposé de ma vie…

— Dis qu’elle serait à moi ! m’écriai-je en