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je ne me méprends pas, Alexine paraît : l’émotion que j’éprouve alors semble se refléter sur son beau visage ; elle rougit ; ses yeux, levés un instant sur moi, se baissent aussitôt, et, dans son trouble, elle oublie de me saluer, et peut à peine articuler quelques mots polis, mais sans aucun sens.

Ah ! combien sa gaucherie gracieuse, son tremblement timide me ravissaient ! Que je lui savais bon gré de manquer, en cette occasion, à l’usage du monde, et de manquer d’empire sur elle pour me cacher ce que cette entrevue lui causait !

Qu’elle était belle !

Retrouvant tout mon courage dans sa faiblesse, je m’approche d’elle comme pour ne pas être entendu de sa demoiselle de compagnie, et je lui remets la lettre du prince. Elle reconnaît l’écriture ; je la vois pâlir : un étonnement mêlé de crainte se peint dans ses yeux ; celui dont elle ne connaît que l’amour, cet inconnu qui s’offre pour la défendre contre son mari se fait le messager de l’homme qu’il veut combattre : elle n’y comprend rien.

— Comment se fait-il, monsieur, dit-elle enfin