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voir, mais sans me prescrire d’heure. Il était midi passé : je fis seller les chevaux ; puis m’habillant avec une sorte de recherche (car les petits sentiments de vanité se mêlent souvent aux plus nobles), je pris la route de Genève, pour me rendre plus tôt au château Byron.

La grille était ouverte ; j’étais attendu : mon empressement étant ainsi deviné me donnait l’espérance d’un accueil favorable, et pourtant je tremblais comme un coupable en suivant le domestique qui devait m’annoncer. Il ouvre la porte du salon : j’aperçois une jeune femme vêtue de noir ; elle travaille à un métier de tapisserie ; mais sa taille est petite, sa chevelure est brune. Ce n’est pas elle. Je salue et garde le silence ; on fait avancer un siège ; on me propose de m’asseoir : je m’incline de nouveau, et je reste debout dans l’attitude d’une personne qui attend quelqu’un. Mes yeux se fixent sur une porte ouverte : c’est celle de la chambre d’Alexine. La jeune personne veut m’adresser la parole : elle s’embarrasse dans sa phrase ; je l’interromps en lui demandant si je puis avoir l’honneur de parler à madame la princesse Olowsky. À cette question, qui prouve assez que