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Pendant cette singulière confidence, j’observais les différentes impressions qu’elle faisait naître ; c’était un combat entre le doute et la sécurité, entre la loyauté qui rassure, et la jalousie qui craint tout ; enfin, le sentiment d’honneur, qui est la sympathie des âmes nobles, l’emporta.

— Je vous crois, dit le prince, malgré tout ce qu’il y a d’incroyable dans ce que vous venez de me dire ; mais pour m’affermir dans cette confiance, il faut un sacrifice : le repos d’Alexine, le mien, le vôtre en dépendent.

— Qu’allez-vous exiger ? repris-je en retirant la main qu’il pressait dans la sienne.

— Vous le devinez assez, et je vois que j’avais trop présumé de vous.

— Enfin, que faut-il faire ? demandai-je avec impatience.

— Il faut employer l’ascendant que vous donne auprès d’elle cette prétendue puissance occulte qu’elle vous suppose, pour obtenir mon pardon, pour la convaincre qu’en se fiant à mon amour elle n’a plus rien à craindre, que son bonheur est mon unique vœu, que j’y consacrerai ma vie entière ; alors, je croirai que son hon-