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me proposa de passer le reste de la nuit près du malade ; j’y consentis ; mais désirant me trouver seul avec le prince, lorsque la potion qu’il venait de prendre aurait ranimé ses forces, j’engageai le docteur à aller se remettre au lit.

Que de réflexions m’assaillirent auprès de cet homme souffrant confié à mes soins, de ce malheureux, possesseur d’un bien qui réunissait à lui seul tous les vœux de mon cœur ! Que de projets, de sacrifices, d’ambitions, de regrets amers passèrent par mon esprit, pendant ces heures silencieuses !…

Un soupir douloureux m’annonça le réveil d’Olowsky. Il paraissait calme ; à ma vue, il fit un mouvement de surprise ; puis, cherchant à rassembler ses souvenirs, il sourit en me tendant la main ; je pris cette main amaigrie par de longues souffrances, je la serrai cordialement, et réclamant du prince toute la confiance que doit inspirer un homme d’honneur, je lui fis jurer d’écouter sans l’interrompre l’aveu que j’avais à lui faire, et je lui racontai franchement comment, sans lui avoir jamais parlé, sans être connu d’elle, j’étais devenu passionnément amoureux d’Alexine.