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mords sans être criminel ; punissez-moi, disposez de ma vie, elle vous appartient. Mais avant que je meure, obtenez-moi d’elle un instant de pitié, qu’elle entende mes regrets, qu’elle voie ces pleurs qui me justifient ; je jure de ne point braver l’effroi que je lui inspire. Ô vous, son frère, implorez-la pour moi !

Ce qui se passa en moi pendant ce moment, je ne saurais le définir, car rien dans mon caractère n’explique la résolution que je pris alors de maintenir le prince dans son erreur, et de me résigner à ce rôle de frère, jusqu’au moment où je pourrais lui prouver l’innocence de mes rapports avec sa femme. D’abord la crainte de compromettre Alexine m’inspira seule ; puis l’accent vrai et touchant de ce malheureux, qui m’implorait avec tant de chaleur, acheva de m’entraîner ; sans prévoir à quoi je m’engageais par ce mensonge, je m’abandonnai à un sentiment généreux, qui redoubla en voyant l’état où tant d’émotions diverses plongèrent Olowsky.

Quand je voulus le relever, je sentis sa tête s’appesantir sur mon bras ; il avait perdu connaissance. Alors j’appelai Moritz de toutes mes forces ; ma voix retentit dans le silence de la