Page:Nichault - Souvenirs d une vieille femme.pdf/22

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

suite je me retirai près de la cheminée, en la suppliant de se fatiguer le moins longtemps possible. Elle était d’une faiblesse telle que sa tête retombait à chaque instant sur l’oreiller ; je courais alors toute tremblante auprès d’elle, voyant qu’elle se trouvait mal, je lui faisais respirer de l’éther, et elle continuait sa lettre.

» Hélas, Dieu n’a pas voulu permettre qu’elle l’achevât !… tout à coup j’ai entendu qu’elle m’appelait d’une voix étouffée, elle me faisait signe de prendre ce papier, ajouta Rosalie en montrant celui qu’elle tirait de son sein ; puis, lorsque je voulus le prendre dans sa main, ses doigts étaient si contractés que je ne pus l’avoir ; une affreuse convulsion agita tout son corps, et j’allais crier pour demander du secours quand ce papier tomba doucement dans ma main ; c’est comme cela que j’appris qu’elle ne souffrait plus, dit Rosalie en pleurant de tout son cœur.

» Cependant, espérant que ce pouvait n’être encore qu’un évanouissement, je cachai ce papier sur moi, avec ceux qu’elle m’avait confiés la veille, en me faisant jurer de les brûler si elle venait à mourir, et je sonnai pour qu’on vînt m’aider à la ranimer. Le médecin, qui arrivait