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tout pour punir le prince Olowsky des mots outrageants que je lui faisais dire.

Enfin, le bruit des rames m’apprit que sa barque approchait ; je la vis à la lueur des étoiles se diriger vers la rive à quelque distance des saules qui cachaient la mienne.

Je m’élançai à terre, et je courus vers le sentier qui conduit au château Byron. À peine j’y étais parvenu, que je tressaillis en entendant les pas d’un homme.

Cette émotion, vrai frémissement de conscience, me parut une indigne faiblesse ; et c’est à l’envie de la surmonter que je dus l’audace de crier d’une voix de tonnerre :

— Où allez-vous ?

— Qui êtes-vous, pour oser me le demander ?

— Un homme qui veut vous épargner un nouvel assassinat.

— Ah ! malheureux ! s’écria le prince en cherchant un appui près d’un tronc d’arbre, que me rappelez-vous ? Est-ce elle qui vous envoie pour la venger d’un crime involontaire ? Si c’est Alexine qui veut ma vie, frappez-moi, je ne la défendrai pas.

— Me croyez-vous donc un vil assassin ? re-